Remise aux goûts du jour du vieillot et pâlot ranger,
avec un recentrage sur le personnage indien de Tonto, moins
par souci politico-culturel que grâce au statut de star
bankable de son interprète ; voici les vrais limites
du film. Mais le plaisir est là : c'est un bon gros western
friqué et survitaminé, solide sur ses bases. Une
musique joliment inspirée ou brillamment réappropriée,
un montage de présentation habile, un réalisateur
qui respire la joie de filmer, hautement expressif, apprivoisant
avec brio les grands espaces, mettant en valeur les paysages
et les décors mis à sa disposition, jouant sur
les focales ; un humour de gai luron, très communicatif,
occilant entre l'humour de situation et les bons mots "deppiens".
D'ailleurs Johnny nous montre son bonheur de jouer les acteurs
de composition, son don pour la métamorphose : moins
agaçant qu'il n'y pouvait paraître, éloigné
de son "Sparrow", plus inquiétant et proche
des mimiques chaplinesques. Une oeuvre impressionnante sur le
plan visuel, totalement épique et ébouriffante,
animée et irrésistible, au rythme d'enfer, au
timing parfaitement chronométré, fourmillant de
petites idées qui en font un film moins bête que
ce que l'on pouvait craindre. Les personnages sont suffisamment
épaissis pour un film hollywoodien de grand spectacle,
du héros en devenir à l'indien fou, de l'enfant
sans père au méchant à la gueule de "Jonah
Hex". Rien à faire : on se sent bien dans ce film,
on appréciera son vent de folie (les lapins ou le cheval
qui vole), ses faux airs de film fantastique qui lui donne du
mordant ; même s'il n'a vraiment rien de révolutionnaire,
pas plus que d'un coup de génie, il joue remarquablement
bien avec les codes du western et permet au spectateur d'y trouver
un malin plaisir, un peu à l'image du combat final sur
le train, éclatant et sans prétention si ce n'est
de divertir et d'en donner pour son argent. Résultats
au box office... dépitants.
NOTE : 13-14 / 20