On installe le décors, les personnages, le rythme et la situation. Puis l'étrange s'immisce, entre la double apparition d'un personnage excentrique et le fameux lemming. On a toujours peur d'en attendre trop de ce genre de film au climat mystérieux, d'attendre quelque chose qui ne viendra pas et de tomber de haut. Cette fois le film est très bien distillé, notre surprise venant de la mise en parallèle des évènements, des rebondissements énigmatiques qui ne nous éclaire pas, qui ne nous révèle rien sur le fin mot de l'histoire. C'est tour à tour angoissant, grisant, troublant étonnant et toujours subtile, maintenant le spectateur dans un état de déstabilisation et de fragilité, conservant de nombreuses parties de l'histoire dans l'ombre de notre imagination, sans jamais être tapageur (pas assez peut-être...), pour nous entrainer dans un cauchemar ultra-réaliste, entre réel et distorsion de ce réel. Pourtant il manque quelque chose pour faire vraiment décoller le film (les dialogues pesant un peu), un peu de bouillon, de vibrations. En tous les cas Moll prouve qu'il peut faire 100 fois mieux que son ringard et bancal Harry.