Eloïse réalise son rêve : partir à
Londres afin d'intégrer une école de haute couture
et découvrir la Big City, elle qui ne connaît que
la campagne anglaise. Ellie possède une particularité
: elle aperçoit parfois sa mère, décédée,
dans le reflet d'un miroir...
E. Wright nous embarque dans un trip londonien, musical, lumineux,
tournoyant et suave, hypnotique, passant allègrement
du rêve à la réalité et de la réalité
au rêve, accompagnant son héroïne / ses héroïnes
égarée (s) à la fois physiquement et psychologiquement.
Ainsi que de bien étranges personnages, issus du passé
et du présent, qui vont l'accompagner et la guider tout
au long de ses périples hallucinés.
Visuellement Last night in Soho est une merveille
à la hauteur du talent et de la réputation de
son illustre auteur : il oscille entre jeux de miroir renversant
et mise en scène étourdisante de ses deux protagonistes,
au travers de voyages dans le temps à demi fantasmatiques
et noctambules, où les nuits d'Eloïse se révèlent
être des pérégrinations où elle se
connecte avec une jeune inconnue et les bas-fonds du Londres
des années 60. Mais du rêve au cauchemar, il n'y
a qu'un pas.
Last night in Soho serait une réponse
féministe de l'auteur à tous les "revenge
movies" peu avenants, racoleurs ou guère inspirés,
autant qu'un film de "lieu hanté" qui balaie
scénaristiquement, esthétiquement (très
pastel) et formellement le genre, n'hésitant pas à
le plonger dans un milieu urbain et moderne et lui donner une
véritable teneur.
T. McKenzie y est prodigieuse et A. Taylor-Joy confirme aisément
tout le bien que l'on pense d'elle.
NOTE : 15-16 / 20