Kaena,
la prophétie |
Chris DELAPORTE |
(15-16) |
Un monde digne de Lucas,
à plus d'un titre... un peuple des arbres à la culture distincte,
aux moeurs claires, à l'histoire chargée et à la
religion omniprésente ; une planète peuplée de créatures
aussi diverses qu'inventives, dans un élan imaginatif très
personnel qui rend ce monde complètement tangible. Kaena empreinte
autant à Luke Skywalker (une "fermière" qui a
les yeux tournée ailleurs et qui doit accomplir une prophétie)
qu'à Leia Organa (le côté rebelle et femme de tête),
aidée d'une plastique à faire jalouser Lara C. elle-même
! L'aventure est absolument palpitante, excitante et totalement dépaysante
et les points communs entre ce film et les trilogies de Lucas ne s'arrêtent
pas là : le ver à un petit penchant bavard très C3PO
(il parle des milliers de langages !), le monde des arbres rappelle celui
désertique de tatooine, le phrasé inversé du sage
évoque forcément Yoda et certains plans ne tromperont personne
(notamment celui dans le vaisseau qui est un clin d'oeil à l'Etoile
Noire). Lucas ayant inventé le conte ultime (LE schéma actantiel
live !), on a l'impression que personne ne peut vraiment se dégager
de son influence, de près ou de loin ; mais ne nous y trompons
pas : "Kaena" est un excellent film, très personnel,
doté d'une animation haut-de-gamme, digne des tout meilleurs video-games,
on y retrouve un souci du détail monumental, des textures, des
couleurs, des formes et une photo digne des plus grands maitres hollywoodiens
ou nippons. Original et superbe, ce film n'est pas qu'un simple et digne
successeur de Star Wars, il comble (enfin !) le vide laissé par
le maitre français en la matière : René
laloux. De la SF à la française, excellente et intelligente,
épaisse de par ses qualités techniques et artistiques, de
par ses messages : la transmission du patrimoine d'un peuple, l'esclavage
induit par la religion, le choc des civilisations, l'ambiguité
des personnages (le sage) dont la vie influe, ou a influé, sur
celle de tous les autres... On ne pourra que regretter une réalisation
où la caméra suit ou va vers le mouvement mais ne le crée
pas. |