Los Angeles : les extraterrestres sont parmi nous ! They live,
we sleep.
Roddy Piper en pendant de Kurt Russell, chômeur errant
dans une ville et découvrant ce qu'Ils ont fait de l'Amérique.
Carpenter écorche l'American dream, tournant son regard
en direction des plus démunis ; on plante le décor
d'un film social -peut être la plus sociale des œuvres
de Big John- et on part sur un projet de pure SF.
Métaphore audacieuse de nos états penchants dangereusement
vers de nouvelles formes de dictatures insidieuses, montrant
l'envers du décor d'une certaine forme de politique (Reaganienne
selon Carpenter), le film bascule subtilement, puis s'engouffre
dans la brèche. Diktat de la pub et autres traits pernicieux
de notre société de consommation, c'est une dénonciation
en règle de la monétisation de notre âme,
de notre liberté, de notre humanité.
Invasion Los Angeles argue également
de résistance, de lutte pour nos libertés, contre
le capitalisme sauvages imposé par quelques nantis et
au dépend des plus besogneux, Carpenter pond une série
B réjouissante, erzat des visions de David Vincent, mâtiné
de la série culte "V" et autres invasions des
profanateurs de sépultures.
Bien sûr le film est loin d'être exempt de défauts
parfois rédhibitoires : Piper n'est absolument pas un
acteur, pour un métrage aussi court les prémisses
sont un peu longues, son rythme est un peu lourd et on n'évite
pas nombre de grosses maladresses (des dialogues creux, un traitement
qui manque d'ambition, des lourdeurs, des approximations...).
Il n'empêche qu'à l'heure des fake news son message
est toujours autant d'actualité : « Lisez entre
les lignes, regardez entre les images, informez-vous».
NOTE : 13-14 / 20