Il y a toujours cette griffe impeccable, ce perfectionnisme
qui traverse toute la filmographie de ce maitre es 7ème
art : une réalisation très fine, intensément
expressive, toujours empreinte de cette véritable culture
du parallélisme pictural, une espèce de centrisme
exacerbé destiné à mieux composer ses plans.
L'utilisation de la stop-motion est à ce niveau délectable.
Wes nous propose un sujet qui sort des sentiers battus, de l'animation
adulte, différente, dans un petit monde absolument unique
-aux décors dans lesquels on a envie de se perdre- où
le spectateur comprend le language des chiens, pas celui des
hommes (sauf s'il cause japonais). Même si la trame a
tendance à se tasser parfois, le film finit par nous
délivrer une histoire magnifique, à double lecture
: par-delà l'étude du rapport homme / chien (dont
on sait l'importance qu'elle a au Pays du Soleil Levant), on
y découvre une somptueuse métaphore sur la haine
de l'autre à partir du moment où celui-ci devient
une minorité visible, une "menace" intangible.
De là nous sommes amené à élargir
le débat sur le drame des exilés et une vision
particulièrement corrosive de la politique et surtout
de ses coups bas. De troubles détails (les expériences,
la déportation, le virus créé par le laboratoire,
l'extermination,...etc) viennent appuyer ce triste constat.
Une heure d'hommage très appliqué à la
culture nippone (du théâtre jusqu'aux estampes),
un cri d'amour et d'humanisme pour un beau film symbolique.
Le casting voix de fou n'enlève rien aux qualités
de l'oeuvre.
NOTE : 13-14 / 20