Horton |
Jimmy
HAYWARD - Steve MARTINO |
(15-16) |
Hors mis certains détails particulièrement
soignés (les gouttes d'eau, les pissenlits...), je ne trouve pas
le graphisme d'Horton remarquable -en ce qui concerne la section "dans
la jungle"-, plus proche à mon sens de ce que l'on pourrait
appeler de la "pâte à modeler numérique"
alors qu'on en attendait un peu plus de précision (les arbres caoutchouteux
qui font tâche par rapport aux soins volontairement apportés
à des détails) ; mais rien à reprocher à l'animation,
qui est au top ! Le ton employé est celui du conte, et il surprendra
pour qui ne connait pas le livre de ce bon vieux Dr Seuss ; entre un humour
bon enfant toujours présent, la fable est vraiment prenante et
d'une rare profondeur : c'est une attaque contre l'obscurantisme, celui
qui a précédé toutes découvertes, toutes révélations
scientifiques un peu osées qui remettaient en question, en cause
les croyances, les acquis d'un passé auquel les êtres humains
aiment à se rattacher illusoirement. Le film pose des questions
essentielles : quelle est notre place dans l'univers, nous qui nous posons
comme des êtres supérieurs, en fait de simples grains de
poussières galactiques dont la présence n'est dûe
qu'à un heureux hasard ? Nos vies ne sont-elles pas anecdotiques
en rapport à la complexité, à la diversité
et à la grandeur de l'univers ? Quelles sont nos responsabilité
vis à vis de la nature, de l'environement et de toutes les espèces
terrestres ? Le film évoque également, à travers
tout ses thèmes, le respect de toutes croyances, et plus généralement
le respect, le rejet de l'intolérance, mise en avant par le concept
peu classique du méchant en la personne du kangourou femelle. Un
être terre à terre, hautain, irrespectueux, à l'esprit
peu ouvert... plus que réellement à même de faire
du mal à qui que ce soit. Horton en devient l'un des plus brillant
films d'animation réalisé depuis les chefs-d'oeuvre de Laloux
et quelques cas isolés (Le géant
de fer). Une réflexion que l'on pourrait pousser à loisir
encore plus loin et dont on pourra discuter avec nos enfants (les hommes
et Dieu). Même si l'introduction du vautour fait pencher le film
du côté des oeuvres plus hollywoodiennes, il n'en reste pas
moins un film d'aventure extrêmement ambitieux et néanmoins
d'une efficacité prodigieuse. |