Difficile de critiquer un film ou les symboles, les métaphores
et l’ironie jallonent un scénario jouant à
fond la carte de l’onirisme.
Il faudrait bien évidemment un nombre incalculable de
visions pour acquérir les clés du rêve de
Fellini, pour analyser en détail cette incursion du rêve
dans la réalité. Pourtant, dès la première
vision, il paraît évident que le génie italien
n’est pas forcément difficile à comprendre
(touffu tout au plus) tant son montage parallèle fonctionne.
Alors ne retenons pour cette courte critique que le rêve
introductif (le réel-l’intellectuel qui essaie
de maintenir sur terre l’artiste, d’annihiler sa
liberté ; un artiste par ailleurs anonyme…) ainsi
que celui qui conclut le film (la Mort permet aux fantasmes
du réalisateur de se clarifier, de se réaliser.
Il va mettre en scène). Entre les deux il y a deux heures
sous acide, d’un réalisme pertinent, si fort que
l’on se demande si Fellini ne fait pas exactement les
mêmes rêves que nous, n’a pas les mêmes
désirs et parvient à les mettre en images.
Et s’il était en train de nous proposer une véritable
vision de la vie, hors de l’illusion créée
par nos sens, ces images que seuls les artistes sont capables
de voir et de retranscrire. Le reste, la partie purement technique,
n’est qu’un assemblage génial et cohérent
: une photo qui explore l’univers et le cerveau de l’artiste,
offre les plus beaux contrastes du cinéma ; Nino Rota
à la musique ; un Fellini dont on oublierait presque
tout le travail de réalisateur. Le hors champ devient
notre univers et nous impose à l’œuvre.
Une formidable mise en abime pour une oeuvre faites d'images,
de dialogues, de bruit -beaucoup de bruit- de fureur et de folie
à l'état pur où le film dans le film répond
à la réalité diégétique.
NOTE : 17-18 / 20