Un premier et très long plan pour donner le ton. Puis
un constat qui restera ancré dans la thématique
du film : il est triste de voir qu'en l'an de grâce 2017
les couples mixtes doivent se demander si leur compagnon sera
accepté par leurs parents... Le constat d'une Amérique
où le racisme sournois a remplacé peu à
peu la ségrégation. Il faut bien avouer que l'on
est surpris par ce film, quoiqu'on en pense au final : un thriller
fantastico-horrifique pleinement ancré dans le constat
social ; une oeuvre sur le statut des "noirs" aux
USA. Surprenant car, pour un premier film, le réalisateur
en maîtrise parfaitement le cadre, mettant sur pied une
inquiétante atmosphère, poisseuse et viscérale,
sachant à la fois décortiquer les dialogues -nombreux-
et mettre en place des détails qui auront toute leur
importance. Car rien n'est gratuit ici, chaque petit fragment
de film, aussi insignifiant puisse-t-il paraître, aura
son importance à la fin... Et Peele se garde bien de
tout effet classique, attendu par le spectateur, n'hésitant
pas à mêler les genres comme pour mieux appuyer
sa démonstration. Point de grosse débauche de
moyen (presque...). Et c'est par cette finesse que le spectateur
se glisse dans la peau du héros -dans la peau d'un homme
de couleur- et vit les contradictions d'un pays qui n'en a pas
finit de masquer péniblement ses défaillances.
Etrange atmosphère où la tension grimpe progressivement,
le rythme n'étant pas celui d'un film d'horreur lambda.
Pourtant Get out est bien loin d'être
parfait : la clef du mystère nous est révélée
bien trop tôt, à la fois dans le trailer et au
début du film, pour mieux essayer de nous surprendre
dans un deuxième temps. L'hypnose aurait dû être
la pierre angulaire de l'histoire. Et c'est cette révélation
finale qui ne colle pas : le scénario va bien trop loin
dans son délire et finit par dénaturer à
la fois le film (sobre dans la majeure partie du métrage)
et le propos (tout en nuances). Son succès très
américain est cependant, non seulement dû à
ses qualités, mais à une sortie au timing parfait
: signe de la fin de l'ère Obama, et d'une nouvelle époque
plus sombre et régressive, constat d'un racisme qui s'est
muté ; ici aussi intégration et assimilation sont
tristement synonymes...
NOTE : 13-14 / 20