Trois ans après la mort de sa mère, Mahito va vivre chez sa belle-mère, dans un manoir. Une intrigante construction attire immédiatement son attention ainsi qu'un héron atypique.
On reconnaît les traits des personnages et un style ancré dans l'imaginaire des spectateurs, un graphisme unique que je trouve pour ma part sublime, dans le moindre de ses détails, la moindre de ses couleurs.
Le garçon et le héron nous présente un univers et des instants de pure magie, emplis de passages secrets qui mènent à des lieus inimaginables et de toutes sortes de créatures mirifiques, un voyage en des contrées moins lointaines qu'elles ne le laissent paraître, des lieux ésotériques d'une richesse foisonnante.
Je trouve que la douce musique au piano correspond tellement à cette œuvre à laquelle il faut accepter de se laisser porter au travers d'un scénario dense, en forme de puzzle. Chaque image se construit comme une rêverie éveillée, colorée, intense, imaginative, onirique, inventant un monde et une espèce de "culture" parallèle, anthropomorphique, métaphorique. Un film sur cette enfance qui disparait violemment, immense allégorie sur la manière de bien construire son destin, en tout les cas un film que l'on pourra voir et revoir, et analyser à loisir. Bâtir son monde sur les ruines de l'ancien, où comment devenir adulte ? Le garçon et le héron décrit-il cette lutte incessante entre le passé -que la mort essaie d'enterrer litérallement-, l'acceptation de ce même passé et un futur à bâtir, futur qui prendrait alors compte de toutes les nouvelles complexités de l'âge, des vissicitudes de l'existence, mais également de toutes les beautés d'un monde plus mature ? Peut-être aurait-on aimé avoir plus de clés afin de mieux décoder ce nouveau morceau de bravoure d'un génie intemporel de l'animation : "Peut-être que vous n'avez pas compris le film. Moi non plus je ne le comprends pas", nous disait le maître...
NOTE : 15-16 / 20
