Trois époques ; un arbre de jouvence... C'est avant
toutes choses un film visuellement très audacieux (la
photo dorée, le futur très inspiré de la
métaphysique bouddhiste), la réalisation est d'une
précision chirurgicale (voir les bougies qui encadrent
les personnages dans la période "Espagne" et
tous les somptueux jeux de lumière), les transitions
fascinantes, le sujet ambitieux, touffu et permettant d'emmener
le spectateur dans des zones cinématographiques où
il n'a pas l'habitude d'aller ; enfin, la musique est tout simplement
sacrée, hypnotique et envoûtante comme autant de
rengaines -presque des mantras- qui vous hantent, et vous hanteront
à jamais. Et le sujet ? En substance, c'est une somptueuse
histoire d'amour comme on en rêve plus, de celle qui dure
à travers les âges (l'être aimé (e)
est unique et à chaque renaissance c'est lui que nous
recherchons), une histoire d'homme souhaitant combattre la Mort
et comprenant que l'on ne peut la vaincre : seul l'amour est
amener à rester, c'est lui qui nous délivre de
la mort. Le scénario est fascinant : construit dans un
parallèlisme absolu, il suit la piste suivante : Maladie
- Conquête - arbre - mort - amour ; et se conclut par
la plantation d'un arbre sur la tombe de celle que l'on a aimé
(signe de vie, d'éternel recommencement). A la maladie
de l'Espagne (la reine va être renversée) répond
celle de la femme du héros au 20ème siècle
et celle de l'arbre lui-même dans le futur. A la conquête
des conquistador répond celle de la découverte
d'un remêde et celle de la découverte de l'espace
infini (?). Les 3 époques nous ramènent à
un moment donné vers l'arbre. Puis il y a mort : l'échec
du conquistador laisse imaginer le pire pour la reine, l'épouse
du scientifique décède et l'arbre lui-même
meurt. Enfin, la mort ne permet qu'une chose : elle est la source
de la vie et de l'amour ; l'homme retrouvera la (les) femme
(s) et, au final, restera avec elle. La seule chose qui nous
rend éternel serait donc l'amour ? Touffu mais pas complexe,
sublimissime, avec une mention spécial pour les deux
acteurs... une oeuvre qui va toujours de l'infiniment grand
(la nébuleuse et le téléscope, et finalement
Dieu) vers l'infiniment petit (les microbes, le microscope et
l'homme dans ce qu'il y a de plus matériel). Dernière
chose : le nom de famille des personnages est "Creo"
dont on peut imaginer la double signification "Croire"
et "Créer"...
NOTE : 17-18 / 20