Le simple employé d'une entreprise, erzat de Google,
se voit gagner un séjour d'une semaine dans la prestigieuse
résidence de son patron, propriété n'ayant
technologiquement rien à envier à celle de Bill
Gates. Il aura pour mission d'effectuer le très excitant
et ensorcellant Test de Turing sur une androïde.
Une oeuvre filmée dans un écrin de velour -la
1ère image du robot est de la pure poésie-, à
la réalisation parfaitement maîtrisée (il
suffit de regarder attentivement les reflets symboliques sur
les surfaces réfléchissantes), sans effets tape-à-l'oeil
pour mieux se concentrer sur la réflexion ; et pas seulement.
Jamais les relations entre l'homme et la machine n'auront été
aussi approfondies, décortiquées, analysées,
jamais le cinéma ne nous les aura fait ressentir de façon
aussi palpable et sensible. Nous assisterons à la naissance
conjointe d'une machine découvrant le choix intuitif,
les sentiments et notamment l'amour (??), l'humour, l'anthropomorphisme,
la séduction et peut-être même la première
expérience de conscience virtuelle réaliste. C'est
une première grande force du film. Il poussera d'ailleurs
cette réflexion jusqu'au bout, questionnant la conscience
et la robotique de manière méthodique, poussée,
intelligente et surtout fascinante.
C'est alors la seconde force de frappe du film : son atmosphère
très claustrophobique, étrange comme cette maison
parlante et aux surfaces lisses, presque flippante... ce qui
nous amène au troisième point fort du scénario
: non content d'être pertinent, il se double d'une intrigue,
une lutte de personnalité qui se meut en thriller et
en film traitant de la manipulation. Il y a dans ce film de
"rapport" celui du génie qui met à l'épreuve
à la fois sa machine et son employé, celui du
"blanc" découvrant le "sauvage" et
recherchant son humanité, celui de l'amour universel
et par-delà les races et, enfin, celui de l'intelligence
supérieure, la machine, sur son créateur, telle
l'espèce humaine se révoltant contre Dieu. On
y trouvera également une réflexion sur le web
et son utilisation des données et j'ajouterais, dans
un tout autre registre, que le petit strip-tease robotique est
tout simplement... troublant.
Une très belle oeuvre, profonde, brillante en tout point
et franchement envoûtante, même si l'écriture
scénaristique révèle quelques failles et
autres prévisibilités mal dissimulées.
NOTE : 17-18 / 20