Une conclusion avec les moyens de ses ambitions : quand on
connaît les galères financières qu'a connu
l'auteur sur la série originelle... Belle revanche !
La mise en image est littéralement époustouflante,
le crayonné exceptionnel ; on atteint ici le sublime.
Renversant de beauté, de diversité et d'idées
toutes plus extraordinaires les unes que les autres.
Comment conclure l'un des trois plus importants animes de l'histoire
? On commence par un résumé partiel, très
partiel, de près de 4 minutes avant de retrouver nos
personnages. La NERV se reconstruit, Shinji et Rei refont surface
et retrouvent Asuka après le quasi-troisième impact,
mais ils ont quelques peu changé, surtout Rei : elle
a absolument tout oublié de qui elle était...
Cette fois l'organisation est déterminée à
détruire la dernière base de la NERV afin d'éviter
un éventuel 4ème impact.
C'est un univers post-fin du monde, toujours foisonnant, dans
lequel on se replonge avec un plaisir incontestable, et c'est
toujours la profondeur et l'intensité des protagonistes
qui nous séduit. Philosophiquement on est absorbé
par ce drame planétaire et humain abordant une multitude
de thèmes. Anime sexué, formidablement violent,
mais surtout animé par une réflexion théologique
: même si ce 3.0 se répète un peu et perd
en réflexion méta ce qu'il gagne en mecha.
J'exagère : la dernière heure reprend le thème
du transhumanisme déifié, reprenant la structure
de la série pour s'achever en apothéose. Se focalisant
sur un flamboyant plaidoyer à l'égard des relations
humaines, ces liens infimes qui unissent l'humanité.
Ca reste et restera une saga au ton unique qui, au-delà
des notions de métaphysique, s'achève sur un plan...
étonnant.
NOTE : 15-16 / 20
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Analyse de la série :
De loin l'anime le plus ambitieux jamais réalisé,
Evangelion se situe au-delà de tous
les mots que je pourrais lui appliquer. Passant avec une aisance
déconcertante de l'intime à l'universel, de l'introspection
à la métaphysique, c'est en chacun de nous qu'il
prendra réellement vie, bien au-delà de tous les
thèmes abordés, ouvrant ses fameuses portes de
la perception si chère à Aldous Huxley (et à
Jim Morrison). C'est du conflit entre l'infiniment petit et
le prodigieusement grand que naît, non pas une dichotomie,
mais un lien indéniable et inaltérable, un lien
intrinsèque entre l'homme et l'univers.
Le rêve d'une Humanité, comme une seule entité,
l'Homme comme un être issu du Divin, unique, immuable
; évolution essentielle de l'espèce humaine avant
son extinction que de se rapprocher de cette divinité
qui nous a créer à son image. Evangelion sublime
la thématique du transhumanisme, se l'approprie totalement
et, surtout, traite de la fin de l'humanité sans sombrer
dans un vulgarisme christique.
Et ceci sans évoquer l'imagerie mis en place par son
incroyable auteur, ce mélange entre la chair et le métal,
ces chairs molles, malléables à souhait, tombant
comme de vulgaires vêtements, ses corps qui se métamorphosent
de façon kafkaïenne, ces giclées sanguinolentes
et esthétisantes au possible. Une métaphore de
l'union entre le corps et l'esprit. Des corps qui s'unissent
au Divin dans une quête métaphysique où
les symboles de la croix sont nombreux et le terme "Ange"
loin d'être innocent.
Evangelion est une œuvre douloureuse, puissante et qui
possède ce don rarissime de vous mettre dans un état
second (j'ai regardé le final deux fois de suite !).
Il nous renvoit, à travers son héros, au questionnement
quant à notre rôle à jouer sur cette Terre...
Abyssal, littéralement renversant. Éblouissant.
Un chef-d'oeuvre absolu.
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