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Eraserhead
Budget = 0,1 M$
BOX OFFICE France = - / ? - ? - 123 000 entrées
BOX OFFICE USA = - / 7,0 M$
BOX OFFICE Monde = 7,1 M$
 

C’est vrai : ce film peut paraître longuet aux amateurs de navets speed et chiants, alors je leur dirais, pour peut qu’ils comprennent, que c’est une œuvre d’auteur, expérimentale et emphatique et qu’il faut donner beaucoup de soit pour l’apprécier, s’y plonger dedans et n’en plus sortir ; une étude pointilleuse des comportements extra- et intra-humains. En clair Lynch a su parfaire une créativité débordante au travers de personnages loufoques, dont on aimerait bien qu’ils ne ressemblent qu’au voisin, et de situations incompréhensibles que l’on ne fait que ressentir profondément. Oui, vous avez bien lu : INCOMPREHENSIBLE ! Et c’est ce qui fait toute la force du film : on est totalement immergé dans un monde inconnu qui, pourtant, par bien des aspects, rappelle les peurs que nous inspire le notre, urbain, pollué, manufacturé, difforme. Comment oublier les images du poulet cuit qui crache du sang en gros plan, la vieille qui fume clopes sur clopes dans un rocking-chair, l’histoire d’amour déplacée et maladive et, surtout, le bébé lombric dont on se demande encore s’il n’est pas vrai…
Le noir et blanc s’impose pour décrire cette ville proche d’une métropolis glauque. Les acteurs sont parfaits dans leur rôle respectif : caricatural et blême pour le couple, malades et déjantés pour les parents, saugrenue pour la voisine. Une œuvre complète et fascinante de part son ambiguité et son incongruité. Lynch prend déjà partie pour les monstres humains, métaphore de nous-même, et les place dans un univers adéquate, le sien. Et la folie de l’auteur éclate de part en part, au moindre texte, dans la moindre parcelle du scénario et de l’écran. Et c’est une main experte qui manie la caméra avec attention afin de mieux balader notre esprit sur les sentiers chaotiques du cinéma lynchien. Sordide et magnifique ? Sombre et tordu. Affreux et attirant. La langue française manque de mots pour décrire la perturbation qui s’est installée dans nos âmes à la vue de cette perle du 7ème art.

Nouveaux éléments d'analyse :
Une planète, un trou -trou sombre, d'eau, de lumière-, un homme d'apparence malade qui manipule d'étranges leviers ; et les images de s'enchaîner.
Un espace urbain sale, labyrinthique (Labyrinth man étant le 1er titre du film), industriel, souligné de noir & blancB, souvent dans un silence assourdissant ! Quand les bruits ne se font pas purement mécaniques.
De l'univers à venir de David Lynch on retrouve déjà les parterres hypnotiques, les rêves, les radiateurs, les chanteuses scéniques & les chansons obsédantes s'il en est... et des éléments de décor incongrus (ces plantes sans pot ni feuilles).
Le film -poème cinématographique- peut être vu comme une critique de cette industrialisation à outrance déteignant sur l'espèce humaine, sur son caractère, sur sa progéniture, sa "normalité", usant jusqu'à sa matière grise ; même si Lynch décrit des être très humains dans leurs caractéristiques quotidiennes (difficultés de s'occuper d'un bébé, les dîners de famille, la place que l'autre prend dans le lit...etc), il métamorphose tout cela en cauchemar, en pervertissant ces actes banals. Il y a constamment un malaise induit par ce film, par ses visions éprouvantes, et celui-ci s'achèvera en un cauchemar bruyant, définitif et particulièrement éprouvant.
Le genre de film dans lequel on peut plonger, replonger des dizaines de fois sans user notre vision, avec toujours de nouveaux éléments d'analyse... Un film fabriqué à partir de sensations.

NOTE : 19-20 / 20

La critique des internautes
 

 

NOTE : -/20

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