Une introduction totalement déroutante (il n'est peut-être
pas inintéressant de savoir qu'il s'agit en fait de la
fin du film et que vous ne manquerez pas de la revoir après
sa vision...) et réalisée de main de maître,
générant une ambiance incroyable, ambivalente
et incompréhensible, aux couleurs forcées, aux
flous artistiques, aux plans minutieusement choisis et aux ombres
dérangeantes. Une atmosphère maladive très
proche de ce que nous propose un Fincher ou un Lynch. Et la
réalisation restera magistrale - peut-être ce que
j'ai vu de mieux cette année-, pleine de mouvements subtils,
de recherche esthétique (parfois trop esthétisant)
et de signifiants troubles. Le sujet est alors lancé
en pâture : l'arrivée dans la vie de ce prof d'université
d'un acteur dont il est le sosie parfait débouche sur
une histoire folle, troublante, le film prend son temps mais,
à force de marcher sur la corde raide, finit peut-être
par s'égarer dans les 20 dernières minutes (l'acceptation
du chantage me parait un peu poussive pour faire basculer le
scénario...). Cet échange standard tiendrait trop
du voyeurisme primaire si l'on ne connaissait le but du film,
but qu'il nous faudra découvrir a posteriori. Car la
dernière image, totalement inattendue, vous laissera
dans un immense désarroi... Le film est absolument fascinant,
difficile à aborder et voici ce que j'ai personnellement
pu en retirer : il y a divers symboles qui traversent l'oeuvre,
de simples images (l'araignée, le sexe, la ville, une
société secrète très misogyne) mais,
sans pouvoir toujours tout recouper, c'est le problème
identitaire qui en est au centre ; l'apparition d'un double
du personnage n'est que la prise de conscience de ce problème
: rappellons-nous ce que dit sa mère à propos
de son fantasme (être acteur), rappellons-nous ces cours
universitaires où il parait s'ennuyer (la répétition
volontaire du début), rappellons-nous ces problèmes
avec sa petite amie (qui part au milieu de la nuit ; l'autre
femme, elle, est enceinte). Et puis il y a cette ville étouffante,
ce gropuscule sans âme et cet animal qui évoque
la peur (??). Il faut sans doute recoler les bouts, laisser
son imagination divager et se faire prendre... ou pas...
NOTE : 12 / 20