Trouver sa place et apporter sa pierre à l'édifice
familial, sociétal : Encanto est une
parabole non déguisée sur la cellule familiale
et sociale.
Nous sommes chez Disney alors on est en droit d'exiger un travail
technique sans faille : et bien une fois de plus l'animation
photo-sensible est propremement sensationnelle, jusque dans
le moindre détail des mouvements des personnages, les
interactions entre eux (remarquez le froissement des vêtements
par exemple).
Sur le papier Encanto promettait beaucoup
grâce à son univers à part : une maison
presque vivante perdue dans un monde magique représentant
les fondations qui unissent une famille ; un passé dramatique
et un avenir fragile.
Le premier désenchantement proviendra des chansons clipesques
et poussives, indignes de Lin-Manuel Miranda : il faudrait sans
aucun doute les écouter en V.O. ; peut-être aurait-il
même fallu oser se passer de V.F...
Puis l'intrigue un peu claire commence à faire trembler
l'édifice du film, de même certains tissus scénaristiques
bien trop téléphonés (le frère disparu)
: qu'est-ce qui dérègle la magie et met en danger
toute la communauté ? Quels sont les secrets de cette
maison ? De cette bougie ? De cette communauté ? Les
réponses ne seront jamais à la hauteur de nos
espérances.
Nous sortirons déçus de la séance parce
que, tout simplement, les scénaristes (nombreux) avaient
réellement de l'or entre les mains : un contexte extrêmement
puissant (hélas peu exploré : ce peuple pourchassé,
dont on ne connaîtra jamais les raisons), un univers tangible
et absolument fascinant (la communauté cachée,
repliée sur elle-même, qui méritait une
étude plus approffondie) ainsi que des métaphores
intelligentes sur le rôle de chacun dans une famille :
la maman qui guérit tous les maux, l'une de ses filles
très "physiques" qui ne rechigne pas à
la tâche, la fille trop parfaite, le fils qui ressent
les choses, la tante à l'humeur orageuse... Mais tout
cela est un peu noyé dans la facilité et un manque
terrible de mystère, de surprises, un développement
trop mainstream et jamais assez en profondeur.
Il restera de très belles séquences (l'exploration
trop courte des secrets de la maison) et un beau film sur la
famille, sur ces familles qui sont "fantastiques"
; un peu bricoler scénaristiquement, bancal mais sincère,
et dont j'attendais peut être un peu trop.
NOTE : 13-14 / 20