Une photographie luminescente et une réalisation ample,
aérienne. Mais derrière ce visuel digne d'un film
"Barbie" se cache une œuvre lynchienne dans les
grandes lignes, aux personnages qui s'ingénient à
ne pas faire ce que l'on attend d'eux, aux situations d'emblée
détournées et aux relations avec le monde animal
perturbantes et perturbées. Où le monde des adultes
nous est présenté comme pervers et même
malsain.
C'est en parallèle qu'un étrange oeuf va entrer
dans la vie de la jeune fille de cette bonne famille finlandaise,
comme pour mieux explorer les relations entre parents et enfants
lorsqu'elles ne sont pas saines comme elles devraient l'être.
Cette enfant qui est traitée comme une adulte (compétitivité
et report des frustrations de sa mère, mise au fait des
secrets intimes de cette dernière) devient une mère
par procuration, son "enfant" défendant mordicus
son statut imposé, devenant alors -forcément-
son alter ego. Le mot est lancé : "Les chiens ne
font pas des chats" dit un protagoniste. Ego
représente cette rage, ce cri intérieur (ici extériorisé),
cette envie de dire non afin à ces géniteurs qui
nous élèvent plus qu'ils ne nous éduquent,
ce besoin de devenir enfin... soi.
Au fil du métrage on se rend compte que les angles utilisés
par l'auteur servent bien souvent à créer un malaise
indécis, une impression diffuse. Ego
est en réalité un conte moderne, agrémenté
de séquences savamment répugnantes, parfois réellement
perturbantes, avec un monstre d'un genre nouveau, se métamorphosant
au fil du récit, s'humanisant. Si le film conserve quelques
scories et autres petits moments attendus, il délivre
une tension rare, une atmosphère très personnelle
; il s'imprègne en nous.
NOTE : 15-16 / 20