Editorial
Filmographies
Le coin fantastique
Mail
Liens

 

Eden log

Franck VESTIEL
(15-16)

Un seul mot : surprenant ! Autant de par son sujet qui nous emporte loin (et traite l'amnésie en fond de tableau), par l'absence remarquée et osée de dialogue pour une bonne partie du métrage, par le parti-pris visuel (les décors loin d'être chiches, la réalisation très efficace, la photographie ténébreuse...). Surprenant et prenant : le film est passionnant à suivre car les questions fusent et l'intelligence du scénario est de faire avancer côte à côte le personnage et les spectateurs, les faire se questionner en même temps, apportant des bribes de réponses -au compte-goutte pour relancer constamment l'intérêt que l'on porte à l'oeuvre- et les faire évoluer, changer de niveau, jusqu'à la réponse finale. Ou est-il ? Qui est-il ? Que va-t-il se passer ? L'inquiétude du début quant à la capacité des auteurs du film à ne pas nous ennuyer est vite levé... Cette oeuvre ressemble à un cauchemar, de la SF à l'état le plus pur, la création d'un univers vraiment tangible, maitrisé de bout en bout (le montage est sublime, la musique en parfaite adéquation) et elle est pour ma part un excellent compromis entre l'exigeance visuelle (on l'a déjà évoqué, mais ajoutons-y les superbes créatures) et intellectuelle : le sujet y est extrêmement ambitieux, abordant de façon nouvelle, intelligente et jamais naïve des thèmes de société très contemporains, avec une dimension politique plutôt marquée. Il n'y a guère de bons films de SF français : apprécions-le... Franck : on attend la suite avec impatience !!!

 

La critique des internautes
 

Après plusieurs tentatives récentes qui se sont toutes soldées par des échecs je ne croyais plus trop en la réussite d’une production Française de Science-Fiction, en effet après le techniquement bon mais vide et prétentieux Chrysalis (Julien Leclercq) , la ratage ample de Dante 01 (Marc Caro) et un Babylon A.D (Mathieu Kassovitz ) très très décevants, pour Franck Vestiel qui signe ici son premier film ici prouve avec Eden Log que la SF n’est pas un genre fermé à la France , avec un budget largement inférieur à ses trois compatriotes, Vestiel surprend et cloue à terre le spectateur avec une œuvre originale, totalement maitrisée, ambitieuse et profonde.
Retour sur les raisons de cette réussite étincelante : Première chose essentielle Franck Vestiel n’a pas cherché ses influences du coté des USA contrairement à la plupart des tentatives Françaises et livre un film qui n’a pas ainsi l’air d’un ersatz mais une œuvre bien originale surprenante et pas toujours facile à appréhender car elle se sert essentiellement de la mise en scène absolument surpuissante, et des images crépusculaires et ténébreuses pour raconter son histoire qui passionne par sa richesse thématique.
Franck Vestiel est tout à fait conscient que le budget de son film est faible, et s’en accommode sans difficultés, il crée un univers post-apocalyptique ultra crédible et totalement cohérent, aidé par une photographie ténébreuse à souhait qui colle avec le climat que le réalisateur cherche à insuffler à son film.
Mais c’est d’un point de vue mise en scène que Vestiel scotche carrément le spectateur, immersive en diable sa mise en scène réussit à établir des les premiers plans un lien indéfectible entre le personnage principal incarné par Clovis Cornillac et le spectateur, en faisant progresser l’action au même rythme que la découvre son personnage Vestiel construit un film labyrinthe prenant et passionnant, ou le peu de dialogues sont essentiels à la construction et la compréhension du récit, le reste est guidé par l’image, images brutes, sauvages, réalistes, puissantes, réalisé avec une furie, une vision incroyable et unique.
Alternant plans séquences inquiétant, jouant habilement avec l’éclairage et les hors champs et une imagerie très sombre comme le décor afin créer un climat le plus réaliste possible, Franck Vestiel en impose décidemment beaucoup.
On lui pardonne sans peine les quelques scènes de confrontations avec les « créatures » qui souffrent de l’effet caméra épaule et un montage trop serré.
Les images sont portés par une Bande Sonore qui colle à ce que recherche Vestiel signée des excellents Sekkupu Paradigm et conforte l’atmosphère unique et trouble qui parcours le film tout du long.
Au-delà de ses capacités de cinéastes visionnaire Vestiel a signé un scénario béton, original et brillamment écrit qui s’éclaircit peu à peu jusqu’à déboucher sur des perspectives incroyables et regorge ainsi de problématiques et thématiques non seulement d’actualités mais interrogées avec intelligences (l’écologie , les énergie renouvelables, l’immigration, les sectes et religions,…).
Quand à Clovis Cornillac qui est de tout les plans, il est bluffant dans une performance essentiellement physique car n’ayant quasiment aucune réplique, l’acteur impressionne et surtout prouve une fois de plus son soutient au cinéma de genre en produisant en grande partie le film et lui permettant d’exister, rien que pour ça respect.
Une grosse claque, un cinéaste à surveiller de très près et la preuve que la
grande SF est possible en France, ammené à devenir culte, une véritable perle.

NOTE : 17/20

UNKUT