La grande histoire, puis la légende
du damné : Dracula.
Difficile, avant de rentrer dans le vif du sujet, de faire l'impasse
sur l'aspect visuel absolument époustouflant de cette nouvelle
adaptation du roman de B. Stoker. Coppola s'inspirant des autres
versions, leur rendant hommage dans un mélange tout à
la fois gothtique & expressionniste, chatoyant, flamboyant
et profondément coloré, mettant autant genou à
terre devant le riche héritage de la Hammer que devant
celui de
Murnau ou
Fisher.
Coppola y est vibrant, sensible, intelligent, touchant à
notre subconscient de spectateurs cinéphiles. Du livre
originel Coppola en tire un conte sauvage à la recherche
visuelle constante, interprétant et faisant vivre ses pages
en usant d'artifices simples et sincères, baignés
dans une photographie éblouissante : ces noirs et blanc
à peine teintés de lumière jaunâtre
et feu, ou de rouge. Sang.
Dracula est un récit par petites touches,
magnifié par un montage savant et expressif, aux ellipses
parfois hasardeuses mais servant le propos : c'est une oeuvre
entièrement tournée vers cet amour que l'on dit
éternel.
Gary Oldman fait littéralement renaître le vampire
de ses cendres : exquis, amusé, transformiste et définitivement
novateur.
Une oeuvre, un opéra horrifique d'une intense, profonde
beauté, onirique, sexuellement marqué, fastueux,
riche, empreint d'une poésie rare. Sublime.