On part sur l'idée du savant
qui défie les lois de l'éthique dans un London de
la fin du 19ème, sublimé par un N & B très
classe ; une ville soudain d'une magnificence éblouissante,
tout en conservant un aspect menaçant.
C'est l'histoire d'un homme qui défie le conventionnalisme
de la société victorienne, d'un homme de science
qui recherche le Bien et le Mal dans l'âme humaine -chacun
s'y trouvant forcément en chacun de nous- et désire
supprimer ce dernier pour le bien-être de l'humanité...
mais le Mal, ce côté obscur, est bien souvent plus
séduisant, il donne le pouvoir et la puissance, devient
vite incontrôlable. Sujet O combien intemporel puisque arguant
de cette lutte intérieure entre le Bien et le Mal, cette
dualité de l'être humain. Posant par la même
une question essentielle : sont-ils indissociables ? On notera,
à la relecture de cette thématique, et surtout de
son traitement dans le film, une définition du Mal effroyablement
moderne : il représente dans le film l'aspect le plus libidineux
de l'espèce humaine, sa violence inhérente ; Hyde
devient devant nos yeux aguerris du 21eme siècle ce "monstre"
qui s'en prend aux femmes, pervers narcissique, manipulateur mentale
à l'emprise physique et psychologique qui transforme l'être
aimé en objet de désir, en objet prêt à
subir la violence dite conjugale ; jusqu'à la mort...
Voici une oeuvre qui parle de la frontière parfois, et
encore aujourd'hui, assez floue entre religion et science, une
oeuvre intelligente, discrète sur les FX (extraordinaires
make up), mise en scène avec réflexion, très
psychologique, composée de plans sublimes, d'une variété
quasi infinie, d'une richesse qui laisse pantois, rendant formidablement
cette atmosphère vicieuse, effrayante et schyzophrénique.
Un classique.
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