L’intrusion du passé
et du futur dans des évènements présents
avec tant de réalisme et de crudité justifie à
elle seule la qualité intense de ce film.
Certainement
l’une des œuvres les plus émouvantes qui est
été faite ; cette impression, à travers le
regard d’une fillette, de la mort et du remord est proprement
bouleversante. Il suffit que la délicate musique s’installe
(un chef-d’œuvre à elle seule !) et notre cœur
finit de souffrir. Il y a dans cette œuvre tout un pan de
cinéma vérité sud-européen, toute
la cruauté du monde artistique ibérique, cette façon
de parler de la mort comme d’une compagne qui nous tient
par le main… un cinéma pure et dure aux couleurs
fades, à l’atmosphère froide, un cinéma
d’auteur loin des blockbusters.
L’histoire de cette
fillette perdue et lunatique est troublante : perdue dans un présent
qui n’est plus le sien, tiraillée par l’amour
fou de sa mère, décédée, et la haine
de son père. Une fillette adulte qui parle avec la mort,
la mort de sa mère. En fait ce film évoque ce qui
pourrait s'apparenter à un dérangement d'ordre mental
: celui qui fait vivre un être appartenant au passé
dans notre propre présent de façon bien réelle,
comme un trait que l'on aurait ou que l'on ne voudrait pas tirer.
Grandiose sans pour autant emprunter les chemins larmoyants du
mélodrame. De plus la réalisation participe à
nos émotions de par ses cadrages et ses mouvements très
directes, son étude de l’espace filmique monodimentionnel
(présent-passé-futur). Simple, subtil, froid et
implacable.
Ces visages, ces sons, cette musique (elle nous hantera
décidément à jamais). Une étude psychiatrique
et sociologique… dont je ne suis sans aucun doute pas assez
qualifié pour en évoquer toute la finesse : la preuve est que sa 3 ou 4ème vision m'a révéla en réalité une oeuvre qui aborde métaphoriquement l'Espagne du franquisme....
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