Intelligence Vs IA, ou la lutte entre un occident qui a pâti de l'intelligence articielle et un orient qui y voit, a contrario, le futur de l'humanité.
Il y a bien quelques meurtrissures dans le scénario, quelques effets narratifs un peu limpides et concentrés sur la première partie, rendant le scénario sans doute perfectible et qui, pour une fois, aurait mérité un plus long développement... mais cette histoire va nous secouer pour toutes les bonnes raisons du monde, se refusant à aller en ligne droite, rejettant tout manichéisme à l'image de l'évolution de son héros, et nous retournant comme des crêpes. C'est rare, c'est précieux et c'est une vraie expérience de cinéma..
The creator est une oeuvre d'anticipation marquée et remarquable, à l'univers réaliste et tangible, visuellement sombre, griffée et bénéficiant de FX complètement monstrueux (ILM). Si son montage haché, d'aucun diront "atypique", nous laisse parfois en rade, la mise en scène s'avère être d'une force brutale. Et il vous sera impossible de passer à côté de ce que j'entends être une véritable ambiance musicale grâce à l'étonnante et prodigieuse partition de Hans Zimmer.
Entre un héros égoïste et croyant aveuglément en ses convictions (et son amour), un mystérieux créateur et cet enfant prodige, The creator nous permet de sentir la fragilité de cette frontière perméable entre bot et humains, ne nous assénant jamais quoique ce soit comme vérité mais décortiquant subtilement sa thématique ; tout en sachant délivrer des shots d'émotion que j'estime de plus en plus rare dans le cinéma d'aujourd'hui. Un comble ?
Non, car le scénario nous interroge constamment, ne s'arrêtant pas à n'être qu'un actioner de science fiction sans âme : comment, dans le futur, pourront cohabiter deux formes d'intelligence, sans guerre et sans que l'une ne prévale ou ne déborde de quelques façons que ce soit sur l'autre ? Qu'est-ce qui séparerait encore l'Homme de la machine ? Car l'I.A. est-elle foncièrement mauvaise : n'y reporterions-nous pas notre propre haine envers les différences, celles qui mettent à mal nos convictions ? Enfin, pourrait-on à terme ressentir de l'empathie, ou tout autre forme de sentiments pour ce qui se rapprochera d'une conscience ? Le film possède ses propres réponses, arguant qu'il manquerait sans doute un "dieu" à ces nouvelles créatures, autre que l'homme, un garde fou rempli d'amour (l'enfant possède par ailleurs tout d'une figure christique née de l'amour). Et on restera sur cette extraordinaire ultime image, remplie d'espoir. Emotion...
The creator est une oeuvre à la fois belle, cruelle, puissante, déstabilisante et sur tous les plans brillante.