Tout débute par quelques mots sublimement évocateurs
de Lovecraft : l'un des plus grands écrivains que j'ai
pu lire.
Le but de ce Color out of space était
avant tout de moderniser le récit, ou plutôt de
le rendre contemporain. Cependant il conserve l'essence de l'oeuvre
originelle, à savoir l'histoire d'un couple vieillissant
et de leurs enfants : il faudra garder à l'esprit qu'il
s'agit d'un double récit, à moitié fantastique,
décrivant une crise familiale intense.
Et il est rassurant de voir combien, après tant d'années
sans créer, Stanley n'a rien perdu de son talent pour
installer une atmosphère, créer une oeuvre visuellement
chiadée.
Une nuit, une météorite étrangement éclairée
tombe du ciel. Le début d'une série d'événements
pour le moins étranges : ou comment le fantastique s'immisce
dans le quotidien, toujours plus déconcertant, toujours
plus singulier, jusqu'à déformer le réel,
prendre corps. Jusqu'au point de non retour, l'apparition des
pires horreurs, sombrant dans des situations formidablement
absurdes.
Le scénario avance par fines couches, irréelles,
conférant à la folie mais ressemblant quelque
peu à un catalogue à force de ne rester que purement
événementiel. C'est pourtant, et en partie, la
raison d'être du film : ne rien démystifier, ne
rien expliquer, n'être que de l'horreur pure, viscérale,
charnelle.
Cage s'engouffre tout en puissance et sincérité
dans une œuvre très 80's jusque dans ses effets
photographiques (un rien piquants, il est vrai..) et son budget
un peu juste : d'ailleurs il y a comme un vent de nostalgie
qui souffle sur ce film, jusque dans les excès, comme
si son auteur -en toute sincérité également-
avait su garder le "goût" de cette époque
vidéoclubs. Ceci laissera nombre de spectateurs de glace,
et d'autres épris de nostalgie.