Je croyais aller voir un erzat de Robocop... et je me suis
retrouvé dans un fameux livre de Collodi ! Blomkamp confirme
ici son immense talent de même que l'intelligence avec
laquelle il traite ses sujets, faisant un film d'action mais
gardant toujours un fond très, très épais,
sujet à moult analyses. Si on touche du bout des doigts
la thématique de la robotique et tous les questionnements
qu'elle implique (une véritable intelligence artificielle
risquerait-elle de surpasser l'homme et dominer la planète
? Le robot qui devient émotif, humain, ne devient-il
pas également à l'image de l'homme : imparfait
? Le robot est-il la solution ultime pour limiter les pertes
humaines sur un front de "guerre" ?) le sujet profond
du film est tout autre. Le scénario s'approprie avec
justesse le livre de Collodi, Pinocchio, puisque c'est de lui
qu'il s'agit, en le réajustant à sa thématique
science-fictionnel : le créateur idéaliste dépossédé
de sa marionnette, sa création, celle-ci tombant entre
de mauvaises mains, celles de manipulateurs qui vont jouer avec
la naïveté de cet enfant découvrant le monde.
Brillant. Mais ce qui est encore plus fort c'est que le scénario
joue à jeu égal avec tous les personnages, dosant
savamment les thèmes également (émotions
purs et action, technologie, trahison, gansgtas, enjeu sociaux...etc)
; les vrais héros du film sont d'ailleurs ces punks,
ni totalement mauvais, ni vraiment bons, de grands enfants qui
s'amusent à jouer avec le feu et trouvent quelqu'un à
leur mesure, c'est-à-dire inférieur à eux
en intelligence, donc valorisant. Le personnage de la mère
est par ailleurs fabuleux, débouchant sur de vraies émotions,
une certaine intensité par-delà ces émotions.
C'est une oeuvre sur la vague notion du Bien et du Mal, flou,
où les héros ne sont pas des anges, où
les scientifiques ne servent pas tous la bonnes causes, un film
une fois de plus social qui n'apporte pas forcément des
réponses mais ouvre la boite de Pandore de bien des problématiques.
C'est une oeuvre osée, aux personnages atypiques, presque
repoussant de prime abord (H. Jackman est même plutôt
laissé de côté, mais le voir en bad guy
est réjouissant), une oeuvre complète et très
riche, un univers complètement original et foudroyant.
Blomkamp insuffle à son film une belle énergie,
à la fois dans les placements de sa caméra et
dans l'utilisation toujours très juste d'une caméra
à l'épaule. Un film assurément mésestimée.
Injuste.
NOTE : 15-16 / 20