Une critique acide et implacable de l’impudeur télévisuelle
à travers un faux documentaire plus vrai que nature,
réaliste, absurde mais dont on se demande si... cela
ne pourrait pas arrivé près de chez nous ? Et
c'est le côté délicieusement terrifiant
de ce film, de ce tueur en série, avec un recul terriblement
froid sur sa "profession". De même que l'absence
absolue et choquante de déontologie ainsi que le rôle
de ses trois reporters, complices des actes les plus ignominieux
et excessifs, s'en servant pour le succès de leur reportage
et étant pris dans une spirale de violence gerbante.
Rarement les crimes, viols et autres infanticides n’auront
été aussi détaillés, sans tabous
visuels aucun, le tout baignant dans un humour foncièrement
noir afin de laisser une distance respectable entre ces horreurs
et nous, une distance critique et cinématographique.
Il n'empêche que les images sont d'une animosité
rare, d'une hyper réalisme percutant : on rit beaucoup
-jaune- mais on est également extrêment mal à
l’aise face à ce tueur intelligent, méthodique,
cultivé, poète, drôle, triste, saoul, horrifié…
méchamment et horriblement humain, campé par un
Poelvoorde délectable, effrayant ; ses monologues sont
saisissants. Jamais le voyeurisme n’aura été
aussi bien analysé, jamais les raisons criminelles de
tels actes n'ont été aussi bien abordées
: solitude amoureuse, besoin d'argent, folie. Et pure gratuité.
Le noir et blanc s’imposait, à l'image de celui
des Tueurs de la lune de miel. Culte et furieusement
enragé : C'est arrivé près de chez
vous n'a pas pris une ride et reste le choc indéfinissable
qu'il fut à sa sortie. Impossible d'oublier la recette
du "Petit Grégory"...