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Le cabinet du docteur caligari

Robert WIENE
(19-20)

Un chef-d’œuvre toujours frais qui a su préserver sa terrifiante force. Ici la musique, recomposée pour l’occasion, est une merveille de stylisation, d’émotion et surtout de peur. Celle-ci s’entiche d’un scénario digne du Mabuse de Fritz Lang : une histoire de freaks grandiose et passionnante qui explore un domaine inédit de l’effroi et de l'âme perverse de l’être humain. Noir et puissant jusqu’à l’explosion finale. Les lettres de noblesse du cinéma sont écrites en or. De plus la diversité des teintes monochromes (bleu de nuit, orange très intériorisé pour la folie) crée un sentiment d’irréalité et, à la fois de proximité. Ainsi, doublé de la musique et du caractère de la situation elle-même, le réveil d’Oscar est un sommet de l’épouvante. Ces couleurs pâle relève encore le coté analytique et froid du scénario. Si la réalisation paraît moins fouillée que celle d’un Murnau ou d’un Lang, il faut savoir se délecter des scènes de meurtres en ombres chinoises, de l’avancée du meurtrier, arme à le main, du second au premier plan, là où dort paisiblement sa victime. Du grand art. Et puis il y a ces décors supprenants, inégalables en beauté et en étrangeté et qui ne sont que la représentation de l’étourdissement de l’âme, de la vision extravagante du docteur ; ils donnent un sens clinique à l’œuvre. Des images troublantes qui interpèlent notre fascination morbide. D’excellents acteurs. Bref, un film hors norme, actuel et d’une puissance rare. Une œuvre osée et étourdissante qui nous hante longtemps après sa vision. De l’art sans concession.