Le
cabinet du docteur caligari |
(19-20) |
Un chef-d’œuvre toujours frais qui a su préserver
sa terrifiante force. Ici la musique, recomposée pour l’occasion,
est une merveille de stylisation, d’émotion et surtout de
peur. Celle-ci s’entiche d’un scénario digne du Mabuse
de Fritz Lang : une histoire de freaks
grandiose et passionnante qui explore un domaine inédit de l’effroi
et de l'âme perverse de l’être humain. Noir et puissant
jusqu’à l’explosion finale. Les lettres de noblesse
du cinéma sont écrites en or. De plus la diversité
des teintes monochromes (bleu de nuit, orange très intériorisé
pour la folie) crée un sentiment d’irréalité
et, à la fois de proximité. Ainsi, doublé de la musique
et du caractère de la situation elle-même, le réveil
d’Oscar est un sommet de l’épouvante. Ces couleurs
pâle relève encore le coté analytique et froid du
scénario. Si la réalisation paraît moins fouillée
que celle d’un Murnau ou d’un
Lang, il faut savoir se délecter des scènes de meurtres
en ombres chinoises, de l’avancée du meurtrier, arme à
le main, du second au premier plan, là où dort paisiblement
sa victime. Du grand art. Et puis il y a ces décors supprenants,
inégalables en beauté et en étrangeté et qui
ne sont que la représentation de l’étourdissement
de l’âme, de la vision extravagante du docteur ; ils donnent
un sens clinique à l’œuvre. Des images troublantes qui
interpèlent notre fascination morbide. D’excellents acteurs.
Bref, un film hors norme, actuel et d’une puissance rare. Une œuvre
osée et étourdissante qui nous hante longtemps après
sa vision. De l’art sans concession. |