Les abeilles se meurent : A qui la faute ?
Deux rednecks complètement secoués du bocal pensent que ce serait le fait d'une colonie extraterrestre, personnifiée par une cheffe d'entreprise qui en veut à toute l'humanité.
Bugonia est glacial mais, visuellement, terriblement maîtrisé par un auteur toujours au sommet de son art, à la croisée du cinéma des frères Coen, de leurs personnages mi-dingues mi-arriérés, et d'une œuvre éminemment politique et engagée, façon... Lanthimos. Voici une manière légère de traiter l'absurdité qui s'empare actuellement de l'espèce humaine. Folie et délire portés par les complotistes de tout poil, peuplade internet incapables de s'informer et trouvant sur la toile des théories toutes faites, faciles à appréhender, qu'ils sont seuls à maîtriser, et qui font d'eux des personnes... détenteurs de l'Information. Nul besoin d'instruction, de recul, ni d'aucun esprit critique, qu'importe alors que ces faits soient positivement aussi erronés que stupides. Il suffit d'une étincelle : une espèce de gourou plus ou moins sincère, habilement manipulateur, et quelques crétins congénitaux pour le suivre aveuglément ; rien de tel pour entraîner de multiples dommages collatéraux.
Une douce mais délirante moquerie qui fait mouche, versant dans la folie la plus furieuse, manipulant l'absurde de façon prononcée, jusqu'au-boutiste, à travers des acteurs qui sont poussés dans leur derniers retranchements, par le biais une œuvre qui part très, mais alors très loin. Il lui manque une simple touche d'ambiguïté à la fin, mais le message est on ne peut plus clair. Et le film a le mérite d'être couillu : l'humanité, par quelque bout qu'on la regarde, a sensiblement fait son temps...
NOTE : 13-14 / 20