Un monument !
Une ville imaginaire qui n’est pas sans rappeler notre
réalité malsaine, réglée comme du
papier à musique par une bureaucratie astreignante et
envahissante (qui a déjà eu affaire avec la CAF
ou les ASSEDIC comprendra d'autant mieux le film...), maladive
et labyrinthique. Brazil nous présente
un monde où la perfection prend les apparences de la
banalité, de la répétition et de lois rigides,
chantre d'un certain confort rassurant et d'une sécurité
asceptisante où il n'y a plus de place pour la liberté
individuelle, l'imprévu et l'originalité. La pseudo-perfection
recherchée par ce monde "moderne" (confondu
avec la beauté extérieure dont la mère
est l'expression ultime et atrocement caricaturale) est l'antithèse
parfaite de la nature des choses : et le rêve où
les forêts sont détruites par des espèces
de parallélépipèdes de béton ressemblant
à des buildings en est l'imagerie.
Un grain de sable dans cet engrenage, générant
une véritable théorie du chaos, une erreur stupide
causée par une vulgaire mouche fait basculer la vie d’un
homme : et d'autant plus que cet homme est un rêveur plutôt
associal, alors… Brazil est une oeuvre
profonde et profondément politique. La première
scène est particulièrement intéressante
à ce niveau : d'un terrorisme supposé et "défini"
comme tel par l'Etat central, on passera illico sur la seconde
scène nous présentant un cas de terrorisme étatique
tout aussi violent et hypocrite.
Et Gilliam de dilapider à tout va la bureaucratie rigide,
l’univers clos des villes-buildings, le manque d’imagination
et l’abscence de rêve qui caractérise la
société moderne. On sent derrière cet humour
absurde, un rien parodique, de beaux restes des Monty Python
: même les personnages bougent comme s'il étaient
mûs par une musique étatique, les obligeants à
effectuer une danse presque imperceptible.
Donnez les moyens de ses ambitions à Terry (décors
fabuleux) et vous êtes sûrs qu'il transformera la
pellicule en une fresque magnifique et géniale, étrange,
décalée… et une fin que l’on ne pourra
jamais oublier. Au fait : avez-vous bien écouté
la musique du film ??
NOTE : 17-18 / 20