La réalisation du maître s'immisce, s'infiltre,
derrière les apparences, fouille et va là où
l'on a pas envie d'aller. Lynch le fait avec sa caméra
comme il le fait avec les suburbs et ses habitants... Inquiétants
dès qu'on s'éloigne de leur perfection ironique.
Le film est très dérangeant, certaines scènes
poussées à souhait (sang et sexe), d’ailleurs
le scénario est à la limite d’un délire
agonisant et destroy ; tout participe à nous dérouter.
Angoissant.
Le film est centré sur une enquête autour d'une
oreille coupée, découverte en rase campagne, du
gangstérisme façon Lynch, des histoires plus ou
moins amoureuses. Et, justement, il y a cette superbe love story,
parfaitement idéale, qui nous fera d'ors et déjà
penser à Sailor et Lula. Les personnages secondaires
semblent tous fous et sexués, décalés,
hideux et forcément inquiétants.
Il y a l'essence du film noir dans Blue velvet,
certe perverti, montrant, démontrant la folie du monde
des adultes, où plutôt sa découverte par
un jeune homme et une jeune fille. Dorothy en est le symbole
autant que la victime. C'est le mythe de l'innocence perdue
: les héros nous assènent un "Il est bizarre
ce monde", phrase qui résonne comme si Lynch répondait
par avance aux spectateurs à un hypothétique "Il
est bizarre ce film". Le tout baigne dans une musique qui
atteint le sublime et une bande son travaillée. Ici Lynch
-et ses partenaires- pose les bases de ce que sera Twin Peaks.
NOTE : 17-18 / 20