C'est, en guise d'introduction, une première séquence
qui a le mérite de nous dépayser profondément
: techniquement irréprochable, elle est l'expression
de nos jeux d'enfants, ceux-là même qui nous paraissaient
si réels à nos yeux. C'est tout autant l'extension,
à l'âge adulte, de ces mêmes moments : on
verra ici que jouer c'est également s'enfermer dans un
monde, se couper un peu de la réalité. Pour se
soigner ?
Bienvenue à Marwen est une oeuvre atypique,
traitant du traumatisme, décrivant avec précision
un homme qui survit en se plongeant littéralement dans
son art (la photo de poupées mises en scène),
en se plongeant dans un autre monde, univers qu'il maîtrise
quasiment de bout en bout : il y devient un héros tout
puissant, un homme entouré de belles femmes (mais intouchables),
parvenant à supprimer les méchants (ou presque...).
Il projette dans ses scènes / rêves son trauma,
ses peurs, se perd entre réel et fantasme, et se sert
de cet art comme d'une fabuleuse psychanalyse, comme une espèce
de pont entre son esprit et sa vie. Le film nous caresse constamment
à rebrousse-poil, avec ses personnages non hollywoodiens,
son univers très particulier, ses thématiques
décalées ; il évite à tout prix
le sensationnel et suit constamment sa propre voix.
J'ai remarqué toujours autant d'amplitude dans la réalisation
de Zemeckis, de même qu'une musique touchante pour un
film humaniste dans la même veine que Forrest
Gump. D'ailleurs Zemeckis se cite lui-même :
que ce soit Retour vers le futur ou Forrest
Gump, il utilise la technologie élaborée
sur Beowulf et Le pôle express,
retrouve le thème du quidam affrontant seul une "nature"
hostile (The walk, Seul au monde,
Flight). Cependant le scénario amène
les choses de façon parfois très maladroite, de
même que l'histoire peine à avancer, elle trouve
une issue un peu tirée par les cheveux et ne convainc
pas totalement.
NOTE : 12 / 20