Diaboliquement beau, le film se double d'une brillante étude
de l'âme humaine. Il faut tout d'abord saluer l’intelligence
de Stephen King qui nous propose une parabole sur les faiblesses
humaines et un travail finement psychologique : un marchand,
qui pourrait bien être le Diable (mise en image de façon
formidablement intelligente), va sonder les âmes des habitants
d'une petite ville pour mieux les acheter, les corrompre sournoisement,
usant de leurs faiblesses, de la cupidité de ces communs
du mortel et de leur préjugés attifs afin de les
faire sombrer insidieusement vers le Mal. Avec en prime une
réflexion profonde, pas loin d'être philosophique,
sur la volonté et les choix que la vie nous offre...
Le scénario se plait à envelopper cela avec beaucoup
de subtilités. Car toute l’intrigue, son originalité,
sa fougue, sa puissance, sont basés sur la description
des caractères psychologiques des habitants d’une
ville américaine moyenne. Leurs défauts, leurs
faiblesses, leurs qualités… sont mises à
profit par des acteurs étonnament égaux : tous
les rôles sont tenus avec force de conviction et un professionalisme
inouïe. Max Von Sydow y est absolument magistral en Diable
séducteur, effrayant mais jamais cabotin pas plus qu'influencé
par ses illustres interprètes. Le scénario en
trois actes nous captive, il est bourré d'idées
fabuleuses, laisse peu de temps mort, de place aux stéréotypes,
jusqu’au final attendu mais guère convenu ; l'humour
y est pince-sans-rire, les dialogues remarquables et la musique
joue d'envolées lyriques étonnantes. Une photo
qui explore la tonalité de chaque décors brillamment.
On notera cependant quelques faiblesses disparates (les effets
spéciaux, heureusement très discrets…),
une réalisation qui donne parfaitement vie aux écrits
mais par manque d’expérience et laisse leur âme
au placard.
Majestueux et indémodable.
NOTE : 15-16 / 20