"La vie n'est qu'une suite d'événements
absurdes."
Trois séquences divinement perchées mais divinement
filmées, tout en mouvements, pleine d'ampleur et de dextérité,
pour se mettre dans le bain. Non : Kusturica ou Fellini n'ont
rien à voir avec ce Bardo, pourtant
j'ai souvent pensé à eux, j'ai vu leur ombre géniale
planer sur cette oeuvre atypique.
Un film nonsensique se ressent, vous parle ou pas. Et Bardo
est un tourbillon d'images qui entend disserter sur la reconnaissance
publique, un film ou réalité et fantasmes se mêlent
; une série de rêves éveillés censée
expliciter toute la complexité, la folie et l'étrangeté
d'une vie. Une fausse mise en abîme du travail, de l'existence
d'Inarritu, une réflexion sur le rôle actuel des
médias mainstream, sur la vie et sur la mort, sur la
place de tout un chacun au sein d'une nation. Un voyage interne
ou la pensée se fait parfois paroles : avec des séquences
marquantes et puissantes (le bébé à la
mer...).
Poétique et partant vraiment dans tous les sens -historique,
économique, religieuse ou sociétale-, Bardo
ne maintient pas toujours notre pleine attention sur cette chronique
existentielle qui saura se révéler à la
toute fin.
Bardo est un plaisir pour les yeux, avec du
fond, mais une œuvre à laquelle il faut parvenir
à s'accrocher un tant soit peu. Un trip ciné qui
nous laisse dans un état d'étonnement constant,
nous perd et nous retrouve, nous parle ou nous laisse coi ;
même s'il ne s'agit pas, ici, de tout comprendre...
NOTE : 13-14 / 20