Le maître du suspens s'attaque
à la mythologie de l'homme invisible.
Il nous présente un héros dragueur, léger
et rigolo, plongé dans une histoire construite comme un
film de super héros : cet homme lambda qui se retrouve
au mauvais moment, au mauvais endroit et qui subira des dommages
collatéraux sous la forme de "super pouvoirs".
Le scénario adopte un angle plutôt humoristique et
se meut rapidement en actioner paraissant léger comme le
vent, en forme de jeu de cache-cache grandeur ciné, à
priori pas forcément le plus ambitieux (cf. Les méchants
et leurs ambitions) et servi par une intrigue maigrichonne. Sauf
que J. Carpenter a une fois de plus réussi à transformer
un film fantastique en une fable, en une métaphore sociale
un rien acide : Il exprime à travers cet homme transparent
ce désir d’être reconnu, non pas bêtement
à un niveau social (le yuppie sans moralité, absurde)
mais à un niveau plus humain (la détresse de cet
homme qui n'existe quasiment plus). Et de ce côté
le scénario est génialement innovateur et complètement
rafraîchissant, ayant cette qualité rare de ne pas
trop se découvrir avant l’heure. Il touche alors
du doigt le fond de la problématique : être invisible
est ici une parabole, et tout à la fois un état
qui n'a pas que des avantages.
Et les effets spéciaux tiennent encore rudement bien la
route : ils portent un film toujours très drôle,
se permettent même un peu de poésie (la pluie), respirent
la nouveauté et sont toujours utilisés à
bon escient, dans la limite du budget.
Carpenter porte son film élégamment, sans être
forcement l’homme idéal pour faire transpirer les
émotions, mais saluons la prestation des acteurs qui se
plient en quatre lorsque la limite des effets est atteinte (leurs
fabuleuses interactions avec cet acteur invisible, mais cependant
visible des spectateurs).
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