Un film qui s'effondre comme un beau château de cartes.
Je suis le premier -vous le savez très bien- à
jeter mon dévolu sur ces films qui, l'air de rien, développent
un second niveau de lecture, au-delà de ce qu'ils semblent
avancer innocemment : Assassin's creed semblait
être de cette trempe là. Sauf que... Sauf que pour
une fois j'aurais souhaité une oeuvre bien plus simple,
qui ne se mord pas la queue et s'assume pleinement en tant que
blockbuster / actioner / film d'aventure sans prise de tête.
Car pour se prendre la tête avec d'intelligentes notions,
encore faut-il a minima les maîtriser... Si le concept
est profondément original (pour qui ne connaît
pas le jeu vidéo dont le film est tiré... moi
!) et ne peut qu'être salué bien bas, si nous sommes
en présence d'un très beau film, qualités
techniques sur lesquelles nous reviendront, le scénario
est de toute évidence, et ce dès les toutes premières
minutes, le talon d'Achille du projet. Tenter de mettre fin
au concept du péché originel, concept catholique
s'il en est, ne suffisait sans doute pas, alors les scribouillards
y ont inclut une nouvelle notion : la suppression du libre-arbitre.
Eradiquer le Mal inhérent à l'homme aurait sans
doute été trop "simple", alors il fallait
approfondir... Le problème c'est que "péché"
et "libre-arbitre" sont deux choses très distinctes,
et que supprimer le libre-arbitre chez l'espèce humaine
(d'ailleurs on ne sait trop comment ils allaient occuler ce
"code génétiques") n'empêche nullement
celle-ci de faire le mal : mais simplement de choisir de le
faire ou de ne pas le faire. Les assassins, mûs par un
destin, seraient restés des assassins, sans rémission
aucune. Et là on pourrait causer théologie / philosophie
durant des heures, mais nous ne sommes pas là pour ça.
Deuxièment : la fameuse pomme est précieusement
gardée par un musulman ; ce que les scénaristes
ignorent sans doute c'est que de pêché original
il n'y a pas en Islam, et la présence de ce faux trésor
(relique pourrait-on dire) laissent quelques questions en suspens.
Des détails dans l'histoire ? Non : il s'agit de l'assise
du film, sans quoi celui-ci vascille. Et tombe.
Mais le scénario est en lui-même un terrifiant
brouillon d'où rien de tellement bon ne ressort : un
début trop rapide, des seconds rôles esquissés
(les autres assassins / prisonniers, le père et la mère),
des scènes ubuesques, soit parce qu'incompréhensibles,
soit parce que farfelues (la fin est un sommet du genre), et
surtout des dialogues miséreux qui réduisent parfois
l'oeuvre à une vulgaire série Z. Il en ressort
que l'on se pose plus de questions qu'il ne pourra y avoir de
réponses (comment les assassins infiltrent aussi aisément
des Templiers sur leur garde ? Pourquoi l'endroit où
se trouve finalement la pomme n'a-t-il jamais été
fouillé en 500 ans ?). M. Cottillard, J. Irons et C.
Rampling ne sont absolument pas à l'aise avec leur personnage
respectif.
Pourtant techniquement il y a de la belle matière : la
réalisation assez impressionnante de J. Kurzel m'a carrément
surpris (l'emploi à bon escient des contre-plongées
notamment), le montage est haletant, les décors somptueux,
la photographie est splendide, les cascades pas assez nombreuses
car réellement étonnantes et même originales,
la bande-son sort également du lot. Il en restera une
oeuvre duale, qui veut faire "genre" mais qui n'est
que belle pour les yeux. Je n'oserais même pas dire trop
ambitieuse...
NOTE : 8-9 / 20