La promesse d'un duo M. Pfeiffer / H. Ford.
L'histoire du couple qui, vieillissant, se retrouve seul, seul
avec ses souvenirs qui remontent à la surface ; et des
évènements de voisinage troublants.
Zemeckis est très expressif, semble à l'aise dans
ce nouveau genre, virtuose lors des scènes d'action,
s'autorisant même des plans hitchcockiens de toute beauté
comme cette scène où l'héroïne se
trouve allongée sur le sol et la caméra se substitue
au plancher de la maison. Le film ambitionne d'ailleurs de jouer
sur plusieurs registres : celui du crime supposé par
un bien étrange voisin et, en parallèle, celui
de cette maison supposée hantée.
Le bilan ? Apparences ne nous emballe jamais
totalement, jouant la thématique "Fenêtre
sur cour" de façon trébuchante, variant sur
un fantastique trop rigoureux, avec ses tics et autres impressions
de déjà-vu, ses scènes "obligées",
entre deux portes qui s'ouvrent toutes seules et quelques jeux
de miroir et d'arrière-plans. Le mystère nous
garde éveillé et finalement le fantastique -son
expression- est sans aucun doute ce qui nous entraîne
le moins car on sent que, lorsqu'il franchit cette frontière,
le scénario perd de sa superbe. J'irais même jusqu'à
dire que lorsque le film s'avenure sur le terrain de la possession,
de l'exorcisme, il s'égare carrément...
Apparences joue sans doute sur trop de registres
pour parvenir à se concentrer, et par conséquent
nous séduire : le trauma assez maladroit de l'héroïne
comme justification de ses "visions" et autres oublis,
le drame du voisinage qui sent manque de se démarquer
et reste un peu lourd à digérer, les manifestations
fantômatiques classieuses, le twist et la conclusion longue
et beaucoup trop poussive ; beaucoup trop de strates pour être
diégétiquement crédible, ne pas ressembler
à un assemblage scénaristique un rien artificiel.
Même en revoyant le film, connaissant le fin mot, on sent
que, derrière cette accumulation, on nous dirige, nous
détournant maladroitement du vrai sujet à travers
un puzzle chaotique.
Apparences est un thriller qui joue les films
de maison hantée, sobre, mais adressé à
ceux qui ne sont assurément guère familier avec
le genre, une histoire qui en fait toujours un peu trop, trop
"écrite", multipliant incessamment les thèmes,
tordant les intrigues et hésitant, peinant à trouver
son équilibre entre deux genres souvent mal dégrossis
; malgré l'angle d'approche original et le "twist"
plutôt réussi. La peur ne sera pas au rendez-vous
alors raccrochons-nous à ce que le film a à nous
offrir : l’idée ainsi que l'intrigue générale,
les interprétations de H. Ford et M. Pfeiffer, de magnifiques
plans et une progression louable. Et Bob Zemeckis.
NOTE : 12 / 20