Antichrist |
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Thérapie live. Avouons que la première
séquence est absolument époustouflante : elle conditionne
tout le film, sa thématique notamment (Eros : on fait l'amour ;
Thanatos : la mort de l'enfant) grâce à une mise en abime
et un sublime montage en parallèle, mis en valeur par la réalisation
terriblement précise de Lars. C'est une oeuvre clinique sur la
douleur, la perte d'un être cher et le travail de deuil. Les couleurs
sont glaciales, à la manière d'un Cronenberg et nombre d'images
atteignent le sublime ; notamment les "images spirituelles".
La réalisation est vraiment brillante et complètement réfléchie.
Les acteurs sont tout bonnement renversant. On entre dans le scénario
par la grande porte mais, pourtant, le film ne tiendra pas la distance
: complètement orienté vers un axe psycholigique flou, les
idées développées resteront absconses et complètement
obscures ; ce film a été réalisé par un auteur
blessé par la vie et pour un auteur blessé par la vie. Il
ne fera sans doute du bien qu'à lui. C'est d'autant plus regrettable
que les qualités visuelles du film sont éblouissantes et
que ce fatras pseudo thérapeutique brisent la force et le pouvoir
des images chocs, les rendant presque ridicules. Il n'y a que la dernière
scène choc, hautement symbolique, visuellement repoussante et très
dure, qui fera son petit effet ; justement parce que l'on comprend l'idée
qui se cache derrière : détruire le plaisir qui a engendré
la mort, anéantir l'association plaisir / mort. Trier aurait du
sortir un peu de sa tête avant de se lancer dans ce film... |