Film langoureux et aux plans étirés ; longs et
fixes -mais étudiés- comme le quotidien, ou bien
en traveling afin de signifier la vie. Film où les fantômes
vétus de draps blancs réinvestissent notre imaginaire
et sont étrangement présents dans absolument tous
les plans. Alors il ne faut surtout, mais alors surtout pas
s'arréter à ces 4 minutes de plan fixé
sur une femme, veuve épleurée, qui dévore
une tarte ; seule, déprimée. Un décor quasiment
unique et déjà hanté, très peu de
dialogues (mais ils sont par ailleurs très significatifs)
pour un fantôme (voir plusieurs) qui assiste à
la vie des survivants, bien malgré lui ou presque, s'appropriant
les lieux au fur et à mesure des arrivées et des
départs de chacun des nouveaux propriétaires.
La vie passe autour de lui, les choses passent également
(la maison), le temps passe sans laisser d'empreinte, voir de
trace, et nous passons également. Film réflexif
et non conventionnel à la composition musicale surperbe,
avec une drôle d'ambiance et de grandes interrogations
à propos de l'amour, du deuil, de ce qu'il reste de nous
après notre départ et surtout une réflexion
qui s'en vient nous rappeler la thématique -ou plutôt
l'une des thématiques- de Interstellar.
La fin y est exceptionnelle, éclairant tout le film d'une
lumière brillante, étourdissante et magnétisante.
On y parle de racines, de temps, d'espace-temps et d'infini.
Beau.
NOTE : 15-16 / 20