Ad humanitas
L'espace intersidéral sera toujours un terrain de jeu fabuleux
et sans limite pour le 7ème art.
Dans Lost city of Z un père laissait
son fils afin d'entreprendre une expédition en Amazonie...
Dans Ad astra ("Vers les étoiles"),
un fils part rejoindre un père qu'il a à peine connu
puisque disparu aux confins de la galaxie. La boucle est bouclée.
Si Gray retrouve ici ses thèmes fétiches, il me
semble qu'il reste quelque peu étouffé par l'ampleur
de son projet : j'ai eu du mal à retrouver les qualités
visuelles qui signent son oeuvre, sa patte, ses images léchées
et renversantes, le millimétrisme de sa réalisation.
Mais rien à redire sur son efficacité.
Cependant l'auteur court toujours, au travers de son oeuvre, après
notre part d'humanité. Que ce soit par le biais de la critique
-cette humaine propension à reproduire constamment les
erreurs du passé, ici ou ailleurs- où par la réflexion.
Car dans Ad astra, plus l'homme s'éloigne
de la terre et plus il se rapproche de... l'homme ; de son humanité.
On le voit dans les stigmates de sa solitude, dans la folie qui
le conduit au pire, dans cet égoïsme qui le pousse
vers sa perte. Il a beau courir l'espace, s'enfuir même,
il finira toujours par se retrouver, lui. Et il est clair que
dans le film il est démontré que ce qui sauvera
l'Homme n'est rien de moins que sa propre humanité, qu'il
se doit de retrouver, et ici représenté par l'amour
ou la famille. Inutile d'aller chercher si loin des traces de
vie (intelligente), il faudrait tout d'abord renouer avec notre
propre humanité, celle qui nous sauvera de l'extinction.
A ce sujet la source de la catastrophe, à même de
détruire toute une planète, représente la
symbiose parfaite de tout cela.
En partant à la recherche de ce père, allant jusqu'à
reproduire ses mêmes erreurs (on y revient) -laisser les
siens, être prêt à tout pour faire aboutir
le projet- l'astronaute n'est qu'une représentation de
l'Homme, cherchant dans son passé pour mieux construire
son avenir.
Une oeuvre profondément humaine qui impose son rythme,
loin des standards hollywoodiens. Dommage que le film ne soit
pas complètement abouti, parfois perturbé par des
scènes assez grossières (l'entrée dans la
fusée lunaire, le bouclier à météorites).
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