EDITORIAL
de FEVRIER
Je souhaitais profiter de cette édito pour attirer
l'attention de mes lecteurs et de tout ceux qui fréquentent les
salles obscures sur un phénomène qui, dans l'indifférence
générale, se poursuit de semaine en semaine, tout les mercredis
: les sorties ! Enfin plutôt leur nombre...
N'hésitons pas à comparer le marché français
et le marché américain : chaque semaine
le premier programme une moyenne de 10-12 films (18 pour
le mercredi 28 janvier 2004!!!) et seulement la moitié pour le
second... Décryptage : pour la France la situation n'est pas si
joyeuse qu'il n'y parait, au contraire ; en effet, si l'on pousse l'analyse
un peu plus loin on s'aperçoit que, sur les 12 films en question,
2 ou 3 sont lancés en grande pompe et tirerons à peu près
leur épingle du jeu, fort d'un potentiel (les "Blockbusters")
alors que presque tout les autres -de minuscules budgets dans 90 % des
cas qui, il est vrai, n'ont pas besoin de millions de spectateurs pour
être remboursé, condition sine qua non pour que d'autres
films voient le jour- doivent se partager très inégalement
les miettes ; soit pas grand chose. Un, deux, voir trois feront une carrière
honorable (comprendre : ne seront pas retirés de l'affiche après
3-4 semaines d'exploitation), le reste (6-7 films quand même) vont
droit dans le mur de l'échec, voir de l'anonymat le plus complet.
Conclusion ? Sous couvert d'une ambition tout à fait louable -celle
de donner leurs chances à de nombreuses, différentes et
petites oeuvres- le marché français est-il une chimère
pour la moitié des films qui s'aventure sur les écrans (un
film qui a couté la modeste somme de 150 000 euros
doit trouver 20 000 spectateurs pour se voir, grosso
modo, remboursé ; un film de 2 millions doit atteindre
les 300 000 entrées -il n'y en a pas tant qu'y
y arrive) ? Je ne sais pas comment est vécut ce phénomène
par les métiers de la production mais je connais la difficulté
des jeunes réalisateurs à trouver des fonds pour une 2ème
ou 3ème oeuvre si le succès n'a pas été au
rendez-vous (la télé en récupère quelques
uns...). Alors : y-t-il trop de sorties en France ? Je pourrais y répondre
franchement si les budgets des films nationaux n'était pas classé
top secret... mais j'ai quand même envie de dire "OUI".
Ne serait-ce -oublions un instant l'aspect financier intrésèque
au 7ème art- que par rapport à leur diffusion ; même
la télé (Canal + en tête) ne peux pas éponger
tous ces oubliés du box-office qui sombre dans un néant
absolu. Triste. Alors, ne serait-il pas mieux pour certains de ces films
de passerdirectement par la case télévision sans passer
par la case "très éventuelle gloire au grand écran"
? Ne faudrait-il pas développer plus le marché du direct-to-video
(films qui sortent directement à la location video et
DVD), comme aux USA, où le marché y rejette nombre de films,
souvent de grands auteurs, qui l'ont a pas jugé pouvoir faire une
carrière en salles ?
Faut-il pour autant glorifier le système américain ? Non,
car il s'y passe exactement le contraire : il arrive même que l'on
passe une semaine sans une seule sortie nationale (seulement quelques
sorties de petits films dans quelques salles) ! Ces petits films y sont
souvent relégués dans des circuits vraiment restreint (mais
pour autant un film de qualité peut voir son nombre de salles augmenter
vertigineusement comme ce fut le cas pour "Mariage à
la grecque" ou "Lost in translation")
et de trop nombreux films de qualité n'ont jamais les honneurs
d'une sortie sur les écrans, pourtant extrêmement nombreux
dans ce pays où il y a 5 fois plus de spectateurs potentiel qu'en
France (maintenant vous comprenez pourquoi un film américain coute
aussi cher : le marché est plus important, ses espoirs de remboursement
5 fois plus élevé...). Beaucoup sont, disons-le tout net,
des films non-américains, le pays étant le second plus gros
producteur mondial (après l'Inde et son Bollywood), il a déjà
du mal à diffuser tous les films produit sur son territoire...
mais peu de mal à pénétrer les marché de pays
à la production riquiqui ; logique mais un peu dommage. Les autres
films privés d'écran représentent le surplus, ceux
qui se retrouvent sur le marché du direct-to-video évoqué
plus haut. Bref : les distributeurs américains ont l'oreille sur
le tiroir-caisse et il faut vraiment qu'un film est une XLNT (excellente)
critique, un background international très favorable (on l'a vu
pour "Amélie Poulain" et aujourd'hui
pour "Les triplettes de Belleville") ou un
potentiel "américain" très prononcé. Je
tiens à le dire -et je suis bien placé pour- le public U.S.
est beaucoup plus ouvert qu'on veut bien le croire (les producteurs, les
distributeurs et... les étrangers) et ne voit guère la différence
entre un film local et un film importé (enfin si car il existe
une autre hérésie : les fims étrangers sont systématiquement
sous-titrés, donc promis à une carrière moins glorieuse...
mais il y a des "Tigres et dragons" qui redonne
espoir) si l'on veut bien arréter de le prendre pour un imbécile.
Bref, ma conclusion serait tout simplement : et si, pour une fois, on
essayait, main dans la main, de trouver un juste milieu, un compromis
commercial qui, finalement, redonnerait peut-être à un marché
en perte de vitesse, de la vitalité. Hein ?
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